Auguste Herbin (1882-1960) Français
Architecte de l’abstraction, maître de l’harmonie géométrique et visionnaire de l’alphabet plastique
À la Galerie Bailly, nous célébrons les artistes qui ont redéfini le langage de la modernité — des visionnaires qui non seulement ont remis en question la tradition, mais ont construit de nouveaux systèmes de beauté, d’ordre et de pensée. Parmi eux, Auguste Herbin occupe une place majeure en tant que pionnier de l’abstraction géométrique, innovateur radical dont l’esthétique rigoureuse et la précision chromatique ont posé les fondations d’une nouvelle ère artistique.
Né à Quiévy en France en 1882, Herbin étudie à l’École des Beaux-Arts de Lille et débute sa carrière dans le sillage du post-impressionnisme et du fauvisme. En 1909, après son installation à Paris et ses premières expositions au Salon des Indépendants, il amorce une transition vers un style plus analytique, intégrant les influences du cubisme et de Cézanne. Mais c’est son engagement envers l’abstraction pure qui marquera véritablement sa rupture artistique et son héritage durable.
Membre fondateur du groupe Abstraction-Création dans les années 1930, Herbin rejette toute représentation figurative au profit de la géométrie, de la symétrie et de la couleur pure comme éléments essentiels de l’expression artistique. Ses toiles deviennent des compositions architectoniques de cercles, triangles, rectangles et plans, construites avec rigueur et baignées de couleurs lumineuses et harmonieuses. Il ne peint pas simplement des formes, il construit une nouvelle syntaxe visuelle.
Sa contribution la plus significative est la création, à la fin des années 1940, de son « Alphabet Plastique » — une théorie systématique liant lettres, couleurs, notes musicales et formes. Par ce cadre synesthésique, Herbin cherche à créer un langage universel de l’art, où la peinture abstraite communique avec clarté et résonance émotionnelle, au-delà des barrières culturelles ou linguistiques. Cette fusion de logique constructiviste et d’aspiration spirituelle place Herbin en dialogue philosophique avec des artistes tels que Kandinsky, Mondrian et Sophie Taeuber-Arp.
Malgré son intellectualisme rigoureux, le travail d’Herbin reste joyeux visuellement. Ses peintures tardives, marquées par des contrastes éclatants, un équilibre rythmique et une pureté formelle, figurent parmi les réalisations les plus frappantes de l’abstraction du XXe siècle. Elles offrent à la fois ordre et lyrisme, invitant le spectateur à pénétrer un monde où structure et imagination cohabitent.
Aujourd’hui, les œuvres d’Herbin sont conservées dans des institutions majeures telles que le Centre Pompidou, le Musée d’Art Moderne de Paris, le Stedelijk Museum et le MoMA, parmi d’autres. Son importance en tant que théoricien et praticien de l’art abstrait ne cesse de croître, notamment auprès des collectionneurs et chercheurs désireux de comprendre la trajectoire complète du modernisme.
À la Galerie Bailly, nous sommes fiers de présenter Auguste Herbin comme un maître de l’innovation disciplinée. Son art se situe à l’intersection de la science et de la poésie — un langage visuel à la fois intemporel et universel, où la géométrie devient musique et la couleur devient pensée.