Georges Braque (1882-1963) Français
Le 13 mai 1882, naissance de Georges Braque à Argenteuil. Son père et son grand-père y sont entrepreneurs de peinture en bâtiment. En 1890, la famille quitte Argenteuil pour Le Havre et le jeune Georges poursuit ses études au lycée de la ville, tout en assistant aux cours du soir de l'Ecole des beaux-arts. A dix-huit ans, il vient à Paris comme apprenti chez un ami et ancien employé de son père. Il habite à Montmartre, rue des Trois-Frères. Le soir, il fréquente les cours municipaux de dessin des Batignolles. Enfin, après un an de service militaire au Havre, il s'installe définitivement à Paris, rue Lepic, et s'inscrit à l'académie Humbert. Il y fait la connaissance de Marie Laurencin et de Picabia. A l'automne 1904, il s'installe dans un atelier rue d'Orsel et commence à peindre seul. Son amitié pour Othon Friesz, un Havrais de quelques années son aîné, le conduit à adopter le fauvisme.
Avec son ami, il se rend à Anvers durant l'été 1906. Puis, en octobre, il part pour l'Estaque, près de Marseille ; ce sera son premier séjour. Il adopte alors résolument la palette des fauves et, à son retour à Paris, il expose six toiles, au Salon des Indépendants. Elles seront toutes vendues. Ce succès l'encourage et il retourne dans le Midi. Ses toiles auront désormais un sentiment différent. Georges Braque est influencé par Cézanne : l'horizon remonte, les plans ne s'établissent plus en profondeur, mais en hauteur.
En même temps, les couleurs, tout en restant très lumineuses, perdent leur rôle décoratif, pour un rôle plus constructif. Certaines teintes sombres apparaissent. Une toile très représentative de cette orientation nouvelle est celle de la collection de M. et Mme Werner E. Jorten : l'Estaque, vue depuis l'hôtel Mistral. Georges Braque parle lui-même de ce tournant dans sa carrière : " J'avais appris à peindre d'après nature, et lorsque je fus persuadé qu'il fallait se libérer du modèle, ce ne fut pas du tout facile mais je m'y suis mis, et le détachement s'est fait par des poussées intuitives qui me séparaient de plus en plus du modèle. A des moments comme ça, on obéit à un impératif presque inconscient, on ne sait pas ce que cela peut donner.
C'est l' aventure !"
Pour cette aventure, il allait avoir un compagnon de route : ce sera Picasso. A son retour à Paris, en octobre 1907, Georges Braque signe un contrat avec le jeune marchand de tableaux Kahnweiler. Celui-ci lui fait connaître Apollinaire, qui lui-même l'amène à Picasso dans son atelier du Bateau-Lavoir : Picasso vient d'achever les Demoiselles d'Avignon**. Pour Braque c'est une révélation et, en décembre, il entreprend un Nu dans des teintes gris bleuté. Il passe de nouveau l'été à l'Estaque en 1908 ; son style est alors fort différent de celui des deux séjours précédents.
Braque décompose la nature en masses compactes et la réorganise avec beaucoup de sobriété dans un espace géométrisé. Les couleurs, elles aussi, sont d'une grande sobriété: verts sombres, gris, beiges,blancs. Braque revient du Midi avec plusieurs toiles, Maisons à l'Estaque, qu'il envisage d'exposer au Salon d'automne. Elles sont toutes refusées et le peintre décide d'organiser une exposition particulière à la galerie Kahnweiler. Elle a lieu du 9 au 28 novembre 1908, préfacée par Apollinaire. Le critique Vauxcelles écrit dans le Gil Blas du 14 novembre : « M. Braque est un jeune homme fort audacieux...
Il méprise la forme, réduit tout, sites et figures et maisons, à des schémas géométriques, à des cubes. » Pour la première fois le mot est lancé. En 1909, Braque et Picasso resserrent leur amitié nouée en 1907. Ce sera, jusqu'en 1914, une collaboration étonnante. Les deux peintres s'influencent mutuellement et poursuivent leurs recherches de concert. Ils sont tantôt à Montmartre, tantôt à Céret dans le Roussillon, ou à Sorgues près d'Avignon. Après les paysages, Braque aborde les natures mortes. genre qu'il a abondamment illustré et dans lequel il persévérera toute sa vie : Nature morte aux instruments de musique (1908), Guitare et compotier (1909), Violon et palette (1909-1910) . Piano et mandore (1909-1910) . A ce moment-là, Braque relâche de plus en plus les liens que son art gardait avec la nature : c'est la phase hermétique du cubisme analytique. Puis il aborde la figure. toujours dans la phase hermétique le Torse de femme (1910-1911), Portugais (1911), l'Homme à la guitare (1911), Femme lisant (1911) et Homme au violon (1911).
Braque apporte des innovations : il introduit pour la première fois dans le Portugais des lettres et des chiffres d'imprimerie peints au pochoir. Puis il se livre des imitations de matière, faux bois et faux marbre. Pendant son séjour à Sorgues aux côtés de Picasso, en 1912, il commence à incorporer du sable, la sciure, de la limaille de fers à ses toiles : Nature morte à la grappe raisin. De là, il passe au collage le premier, Compotier et verre, est réalisé en septembre 1912, puis Aria de Bach, et la Clarinette (1913). sont des morceaux de papier peint, de journaux, d'affiches collés, lesquels l'artiste dessine au fusain ou à la gouache. Ces nouveaux éléments le contraignent à élargir les plans : le morcellement minutieux fait place à des aplats, la couleur perd de son austérité.
Le cubisme entre dans sa période synthétique. En 1914, Braque est mobilisé; remarqué par son courage, il obtient deux citations. Le 11 mai 1915, il est blessé à la tête, puis trépané. Sa convalescence est longue, et quand se remet à peindre, en 1907, il est déconcerté par Picasso. Leur étroite collaboration est terminée. Braque évolue vers un cubisme moins anguleux, plus coloré, plus respectueux de l'objet. Il le dit -même : « J'ai le souci de me mettre à l'unisson de la nature, bien plus que de la copier. » Il inaugure sa nouvelle manière en automne 1918, avec les trois natures mortes au guéridon. Il peint plusieurs séries : en plus des Guéridons. ce sont celle des Canéphores et celle des Cheminées qui l'occuperont de 1922 à 1927. En 1925, Braque s'installe au parc Montsouris dans une maison construite pour lui par l'architecte Perret. Aux environs de 1930, sans doute sous l'influence de Picasso, exécute plusieurs séries : des baigneuses, des Plages, des Falaises.
Les années suivantes seront, en qualité, les plus fécondes. Braque est en pleine possession de ses moyens techniques et semble au sommet de son génie. De 1933 à 38, son évolution est jalonnée par une succession de natures mortes décoratives : la Nappe rose (1933), la Nappe Jaune (1935), la Nappe mauve (1936), Femme à la mandoline (1937), le Duo. Braque reste à Paris durant toute la guerre et l'occupation. Il donne quelques chefs-d'oeuvre: les Poissons noirs (1942), le Guéridon rouge (1942), le Salon (1944). En 1945, une grave maladie le contraint à s'arrêter de peindre durant plusieurs mois.
En 1949, il termine les premiers tableaux de la grande série des Ateliers et exécute les décors du Tartuffe de Molière à la demande de Jouvet. Lui qui ne s'était guère intéressé à la décoration va faire plusieurs travaux : en 1948, il sculptera la porte du tabernacle de l'église d'Assy, puis il exécutera les cartons de quatre tapisseries sur le thème du Guéridon. En 1952, il reçoit la commande d'un plafond pour la salle Henri-Il du Louvre : de grands oiseaux noirs cernés de blanc sur fond bleu. Ces mêmes oiseaux lui serviront de thème pour la décoration qu'il exécute à la fondation Maeght, à Saint-Paulde-Vence. En 1956, il crée cinq vitraux pour une chapelle de Varengeville, où il possède une maison. Deux ans plus tard, il termine la série des Ateliers et peint une suite sur le thème de l'Oiseau. Braque meurt en septembre 1963.