Achille-Émile Othon Friesz (1879-1949) Français
Coloriste à l’instinct classique, architecte de la forme moderne
Originaire de la ville portuaire du Havre, Othon Friesz s’impose comme une voix forte et indépendante au sein de l’avant-garde française du début du XXe siècle. Ami proche et compagnon de route de Georges Braque, Friesz partage avec lui ses années de formation à l’École des Beaux-Arts de Paris, où la rigueur académique pose les bases de son évolution stylistique ultérieure. S’il s’est d’abord tourné vers l’impressionnisme, c’est la liberté radicale du fauvisme qui libère véritablement son élan créatif l’amenant à embrasser, brièvement mais intensément, une explosion de couleurs vives et de formes expressives qui marqueront profondément son identité artistique.
Dès 1906, il expose aux côtés de Matisse, Derain et Vlaminck, participant à l’émergence flamboyante du fauvisme. Ses toiles de cette période vibrent d’une touche libérée, d’une intensité méditerranéenne et d’un sens affirmé de la structure, qui ancre même ses compositions les plus exubérantes. Mais à la différence de certains de ses compagnons fauvistes, Friesz revient peu à peu vers une approche plus mesurée, cherchant à réconcilier la modernité de la couleur avec l’ordre classique. Il se considérait avant tout comme un bâtisseur — un peintre qui construisait la forme et l’espace avec clarté, rythme et un profond respect de la tradition.
Ses voyages — en Italie, en Belgique, et dans le sud de la France — enrichissent encore son admiration pour l’harmonie de la Renaissance et le mouvement baroque, influences qui imprègnent l’ensemble de son œuvre : paysages, natures mortes, nus ou portraits. Durant l’entre-deux-guerres, Friesz développe un langage personnel, résolument moderne tout en restant ancré, émotionnel sans jamais perdre le contrôle.
Sa carrière est jalonnée de succès et de reconnaissance. Il expose régulièrement au Salon d’Automne et au Salon des Indépendants, avant d’être nommé professeur à l’École des Beaux-Arts, où il formera une nouvelle génération de peintres. Aujourd’hui, ses œuvres figurent dans de grandes collections internationales, notamment au Centre Pompidou, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, à la Tate (Londres) et au Museum of Modern Art (New York).
À la Galerie Bailly, l’œuvre de Friesz trouve un cadre à la hauteur de son ambition — un espace où sa vision est célébrée tant pour sa portée historique que pour l’écho artistique qu’elle suscite encore aujourd’hui. Son œuvre s’adresse aux collectionneurs et amateurs éclairés sensibles à ce rare équilibre entre innovation et respect, spontanéité et structure. Friesz n’est pas seulement un peintre de la couleur et de la forme, il est un artisan de l’intelligence visuelle — un artiste qui, en alliant l’héritage classique à l’urgence moderne, a tracé une voie profondément singulière.