Marie Laurencin (1883-1956) Française
Marie Laurencin est un peintre figuratif, née en 1883 et morte en 1956, à Paris. D'abord destinée à être institutrice, à une époque où les femmes s'émancipent seulement, elle se tourne plutôt vers la peinture sur porcelaine, qu'elle apprend à l'Ecole de Sèvres, et suis des cours de dessins auprès d'Eugène Quignolot. En 1902, elle s'inscrit à l'Académie Humbert, en même temps que Francis Picabia, Georges Lepape et Georges Braque. Celui-ci lui présente Pierre Roché au printemps 1906, éminent collectionneur de Picasso, qui devient son ami et mécène. Il l'introduit au cercle symboliste et, en 1907, Colvis Sagot offre à Marie Laurencin sa première exposition. Picasso la découvre à ce moment et lui introduit André Derain, Robert Delaunay, Kees Van Dongen et le douanier Rousseau, ce dernier faisant un portrait d'elle au côté d'Apoliinaire. Elle côtoie également Maurice de Vlaminck, Max Jacob, Charles Dullin et Harry Baur, puis expose la même année au Salon des Indépendants.
Au cours de ses années de vie commune avec Apollinaire, elle s'exerce à la poésie et le couple s'inspire mutuellement. Séduit par l'univers imaginaire et les jeunes filles de Marie Laurencin, le marchand Wilhelm Uhde lui organise une seconde exposition au cours de laquelle il négocie une vente record, la rendant celèbre à Paris. A l'heure de l'émancipation cubiste, ell préfère développer son style propre, reconnaissable au premier coup d'oeil. Elle expose aux côtés de Duchamp à la Section d'Or et à l'Armory Show.
Malheureusement la guerre interrompt la lune de miel de Marie Laurencin avec le baron Otto von Wätjen et le couple se trouve contraint de s'exiler en Espagne, ne pouvant rentrer ni en France, ni en Allemagne, du fait de leur double-nationalité. Après un séjour à Madrid, où il se disent étouffés par les mondanités, ils s'installent à Malaga, puis rejoignent finalement Barcelone. Là, Marie Laurencin intègre le mouvement Dada avec Albert Gleizes, Serge Charchoune, Ricciotto Canudo, Olga Sacharoff et Francis Picabia.
Viennent à Barcelone Moïse Kisling, les époux Delaunay, puis Pablo Picasso. Léonce Rosenberg passe quelques commandes à Marie Laurencin, qui peint peu lors de son exil en Espagne mais étudie longuement les oeuvres du Prado, surtout Vélasquez et Goya. L'après-guerre lui autorise un retour en Allemagne et permet à Pierre Roché de recommencer à vendre ses toiles à Paris, André Gide lui en achète une.
Dans les années folles, Marie Laurencin connaît un véritable succès, devenant une portraitiste réclamée. Coco Chanel lui passe commande, mais aussi Misia Sert ou Alice Cocéa. Se rapprochant de la communauté de poètes qui domine les salons artistiques de Paris à cette époque, elle cherche à "dépasser la peinture pour la peinture" et réalise de nombreuses illustrations de recueils. Bien que jamais fondamentalement féministe, Marie Laurencin se retrouve propulsée sur le devant de la scène mondaine et devient l'emblème des femmes de ce début de 20ème siècle. Elle est en effet à l'initiative du renouveau du Salon des Femmes Artistes Modernes et fait la couverture de Vogue en avril 1931. En 1937, 16 de ses tableaux sont exposés au Petit Palais lors de l'Exposition Universelle.
Bien que sympathisant avec de nombreux officiers allemands, Marie Laurencin tient en horreur le régime nazi, particulièrement son impérialisme. Après une vie longue et tumultueuse, secouée d'aventures amoureuses et artistiques, Marie Laurencin s'éteint suite à un arrêt cardiaque dans sa demeure à Paris. Elle laisse derrière elle une production incroyable et prolifique, emblème des époques et courants esthétiques qu'elle a traversé. Ses relations et amitiés avec les artistes les plus célèbres de son temps font de Marie Laurencin la muse des grands noms de l'Art Moderne.