Joan Miró (1893-1983) Espagnol
Joan Miró est un artiste catalan, né en 1893 et mort en 1983, à la fois peintre, sculpteur, graveur et céramiste. Il commence à dessiner à l'âge de huit ans et, en 1908, il s'inscrit aux Beaux arts de La Llotja. Il y suit notamment les cours de Modest Urgell et sera très influencé par son professeur, comme le montre ses premières oeuvres. Miró s'inscrit en 1911 à l'École d'art de l'architecte baroque Francisco Galli, à Barcelone, et fréquente l'académie libre du Cercle artistique de saint-Luc, où il réalise de nombreux nus féminins d'après modèles. Miró s'installe à Paris en 1924 et y rencontre Artigas. Ensemble, ils vont côtoyer Jean Dubuffet et André Masson, et Miró installe son atelier à quelques pas de la rue du château, où travaillent Yves Tanguy, Marcel Duhamel et Jacques Prévert.
L'oeuvre de Miró, complexe et variée, regorge d'influences, se mêlant par moment aux grands courants artistiques de son temps. C'est à la galerie Dalmau de Barcelone que Joan Miró rencontre l'art moderne. Influencé par le post-impressionnisme français, les couleurs de Van Gogh et les paysages de Cézanne, il s'affirme d'abord dans un style cubiste et fauvisme. Certain de son attachement à la terre catalan/e, Miró développe une iconographie où les arbres ancrés dans le sol rappellent ses origines.
En 1921, Joan Miró expose pour la première fois à Paris, dans la galerie La Licorne, et rencontre les membres fondateurs du Dadaïsme, notamment les poètes Pierre Reverdy, Max Jacob et Tristan Tzara. Cette exposition marque pour Miró la fin de sa période «réaliste», puisque la même année, il réalise La Ferme, une toile synthétique de la période détailliste du peintre.
En 1924, Joan Miró entre dans le cercle surréaliste et cotoie André Breton et Louis Aragon. Il abandonne son style détailliste pour signer le manifeste du surréalisme, et son oeuvre devient plus géométrique. Il trouve dans l'onirisme et l'inconscient l'inspiration de ses toiles et devient rapidement un des peintres les plus exposés dans la galerie surréaliste. En 1928, après avoir rencontré Jean Arp et René Magritte, il effectue plusieurs voyages aux Pays-Bas et en Belgique où il redécouvre la renaissance flammande. C'est Miró qui, en 1929, présente le jeune Salvador Dali au groupe surréaliste.
La rupture entre Miró et le surréalisme repose avant tout sur une dissension politique. C'est à cette époque là que le peintre développe ses collages, mais, contrairement aux cubistes, Miró laisse dépasser les supports et les relie par des graphismes. En 1931, il expose à la galerie Pierre ses premières «sculptures-objets». En 1932, il expose au salon des surindépendants. Les différents évènements qui marquent l'Europe à cette époque, et notamment la guerre civile espagnole, imprègnent les peintures de Miró : son style se fait plus réaliste, plus violent, ses couleurs plus acides. À ce moment, il expose dans le monde entier, mais ressent le besoin d'aider la seconde république espagnole, en sculptant des oeuvres empruntes de la lutte paysanne. Après un séjour à Varangeville en 1942 où il lie une amitié profonde avec Georges Braque et rencontre Raymond Queneau et Calder, il fuit la France occupée vers palma de Majorque et Barcelone. Ce retour au pays natal représente l'évolution définitive du style de Joan Mirò. De 1955 à 1959, Miró se consacre uniquement à la céramique et ne recommence à peindre qu'en 1960, année où il reçoit le grand prix de la Fondation Guggenheim de New-York. Jusqu'à sa mort, l'artiste continue de produire des sculptures pour le monde entier, la dernière étant dédiée à Barcelone, sa ville natale.